Les flottes de vélos en libre service disponibles dans les grandes villes depuis le début des années 2000 ont ouvert la voie des petits déplacements urbains à vélo. Mais c’est réellement depuis la crise du Covid de 2020, une fois passés les confinements et la réduction progressive du télétravail, que le nombre de citadins se rendant au travail à vélo a littéralement explosé. De nombreuses raisons expliquent cet engouement pour l’usage de la bicyclette en zone urbaine. Passons en revue les avantages du vélotaf et voyons aussi comment bien s’équiper.
Qu’est ce que le vélotaf ?
Le mot « vélotaf » est devenu le terme consacré pour pour désigner le fait de se rendre au travail ou à des rendez-vous professionnels avec son vélo (ou sa trottinette par extension). Il est apparu au début des années 2000. C’est un mot-valise constitué de vélo et l’acronyme TAF (pour travail à faire) qui est devenu un mot pour désigner le travail dans le langage populaire. Le dictionnaire le présente comme un terme désignant un travail mal rémunéré.
Pourtant les premiers vélotafeurs et vélotafeuses étaient plutôt issus de la population des cadres, donc des classes aisées, habitant en centre ville non loin de leurs bureaux, ne souhaitant pas se méler à la foule des transports en commun et gagner du temps. Depuis ils ont été rejoins pour tous les types de salariés à l’exception peut-être des artisans qui ont généralement besoin de transporter beaucoup de matériel. Certains s’y essaient à l’aide de vélo cargo dont l’utilisation a elle aussi explosée depuis quelques années. On voit même de plus en plus de parents équipés de vélo spéciaux comme les longtails, déposer leurs enfants à l’école sur leur trajet.
Si le sujet vous intéresse, je vous recommande vélotaf un magazine en ligne dédié à cette pratique depuis 2006. J’y ai d’ailleurs eu un article sur mes masques antipollution Frogmask en 2021, juste après leur lancement.
Quelle est la distance moyenne parcourue sur les trajets domicile-travail à vélo ?
Vous vous poser Surement la question de savoir si vous pourriez envisager d’aller au travail avec votre vélo ? J’ai trouvé sur internet le chiffre de 12Km pour la distance moyenne parcourue pour relier son domicile au travail à vélo.
Les statistiques montrent qu’une personne en condition physique moyenne peut parcourir 15Km en une heure avec un vélo musculaire classique et entre 20 et 25Km avec un vélo à assistance électrique (VAE). Ces chiffres peuvent varier énormément selon que vous emprunterez des pistes cyclables, de leur qualité et du fait que vous soyez en zone fortement urbanisée ou à la campagne.
De cela on peut déduire que la durée moyenne d’un trajet est de l’ordre de 30 à 45 minutes en agglomération.
La 1ère raison du succès du vélotaf : s’affranchir des transports en communs
Pendant la pandémie, les transports en communs étaient le dernier lieu où l’on avait envie d’aller tellement la promiscuité y est forte, même avec un masque de protection. Voyager en surface à l’air libre était une motivation forte des travailleurs devant se rendre au bureau.
Qui a déjà pris le métro aux heures de pointe comprendra facilement pourquoi il est préférable de trouver une alternative quand on en a la possibilité. Il n’est pas très compatible avec la « distanciation sociale ».
Ne plus être dépendant des pannes diverses, « accidents voyageurs » et des grèves est un sacré plus. Cela permet de maîtriser son temps et de ne jamais être en retard au travail ou à un rendez-vous.
Certaines études montrent que l’air du métro est plus pollué que l’air extérieur. Ce n’est très probablement pas la raison majeure de préférer le vélo au métro car cette info est très peu relayée.
Enfin c’est plus économique. Un abonnement annuel coûte plusieurs centaines d’euros. Il n’est pas forcément rentable pour ceux qui continuent à télétravailler plusieurs jours par semaine et l’achat de tickets individuels revient vite cher.
Une pratique quotidienne du vélo est très bonne pour la santé
L’exercice physique libère des endorphines, ces hormones associées à la joie et la bonne humeur, mais aussi de la dopamine (sensation de plaisir) et de la sérotonine, une hormone aux vertus antidépresseur facilitant le sommeil et le repos. Les salariés qui se rendent au travail à vélo sont reconnus comme étant moins souvent absents car plus motivés, moins fatigués et plus concentrés dans leur travail.
Faire du vélo est bénéfique pour le corps car c’est une vraie activité physique. Avec tous les avantages que cela apporte, s’ajoute le fait qu’en faisant de l’exercice vous aidez à libérer votre esprit du stress et de l’activité professionnelle, ce qui vous permet d’arriver au travail et de rentrer chez vous beaucoup plus détendu… à condition de ne pas devoir trop rouler au milieu du trafic automobile.
Pour renforcer notre système immunitaire, cardiovasculaire et pulmonaire, prévenir de certaines maladies, être moins sujet à la fatigue et au stress, le vélo est LA solution. Pédaler régulièrement permet de rester en bonne santé et d’être plus performant dans son travail.
Une étude portant sur 269 personnes et publiée dans le Journal of Occupational Health Psychology montre que faire du sport avant d’aller au bureau est encore plus bénéfique. Les sujets qui ont fait du sport avant le travail voient les problèmes au bureau comme des défis à relever. Ils trouvent leurs objectifs plus atteignables. Ils s’inquiètent moins des difficultés qu’ils vont rencontrer. Résultat : plus d’engagement au travail, moins de fatigue émotionnelle, et moins d’anxiété professionnelle.
En d’autres termes, si le sport améliore votre performance, ce n’est pas seulement parce qu’il vous aide à récupérer : c’est aussi parce qu’il change, positivement, votre vision du travail. Réglez votre réveil plus tôt… ou arrivez un peu plus tard ! Pourquoi hésiter plus longtemps ?
Vélotafer coûte moins cher que les autres moyens de transport
L’argument économique est très facile à comprendre et il ressort parmi les 1ers critères de ceux qui passent à la pratique du vélo en ville. L’économie de l’abonnement aux transports publics peut faire gagner plusieurs centaines d’euros par an. De quoi financer l’achat d’un vélo pour ceux, comme les étudiants ou les jeunes actifs au pouvoir d’achat limité.
Voici quelques exemples de sources d’économies liées à la pratique du vélo plutôt que d’utiliser un véhicule à moteur.
- Moins cher à l’achat : un vélo coûte bien moins cher qu’un véhicule motorisé à 2 ou 4 roues
- Pas de carburant : le moteur c’est vos muscles avec un vélo classique et il vous coûtera quelques centimes d’électricité pour un vélo électrique.
- Pas de parking : sujet qui devient brûlant maintenant que les 2 roues motorisés thermiques doivent acquitter des frais de stationnement jusqu’à 6€ de l’heure, pour le moment à Paris uniquement, mais très sûrement bientôt ailleurs.
- Moins d’entretien : la révision d’un vélo coûte très peu chère et peut-être faite par son propriétaire
- Pas d’assurance obligatoire même si cela est recommandé vu le prix de certains vélos électriques et la recrudescence du nombre de vols.
Le déplacement à vélo en ville est le moyen de transport le plus rapide
Traverser la ville à vélo est bien plus rapide qu’en voiture, qu’en transports en communs ou qu’à pieds, même en respectant les feux rouges ! Pour les petites distances de moins de 5Km (soit plus de la moitié des déplacements intra-urbains, le vélo est imbattable.
Selon le TomTom Traffic Index 2023 basé sur les conditions de circulation dans près de 400 villes, un automobiliste met 26min30 en moyenne pour faire 10km dans Paris (soit La Défense – Le Louvre). Seules 11 villes dans le monde font pire !
Plus la circulation des vélos est facilitée avec des voies dédiées, plus le temps de trajet est court. Beaucoup de grandes villes, comme Lyon qui est à la pointe en matière de mobilités douces, ont pris des mesures permanentes, pour créer des pistes cyclables et encourager l’utilisation du vélo en ville.
Les agglomérations et l’état encouragent d’ailleurs la pratique du vélo en ville via des aides et subventions à l’achat mais aussi en limitant au maximum l’usage des véhicules thermiques en centre ville.
Le vélotaf est le transport le plus écologique après la marche à pied
Le vélo se distingue par sa polyvalence, son accessibilité et surtout sa très faible empreinte carbone. Rien à voir avec la voiture ou la moto.
De nombreuses études établissent un lien entre l’augmentation des maladies cardio-respiratoires, des allergies, d’autres affections telles que l’asthme voire des maladies mentales, avec l’augmentation de la pollution en milieu urbain. La période de confinement a vu une diminution remarquable de la pollution dans les grandes villes, principalement due à la réduction drastique du trafic automobile. Cette tendance suggère que, même dans les zones où des changements significatifs n’ont pas encore été observés, des restrictions plus sévères sur la circulation automobile pourraient être mises en place à l’avenir, profitant ainsi aux modes de transport alternatifs et aux mobilités douces comme le vélo.
Faire du vélo en ville est un nouveau connecteur social
On ne compte plus les groupes Facebook, instagram (citygirlsride, ridedumercredi, ride_alternatif) Linkedin (Vélotafons) ou Strava (vélotafeurs) et les sorties groupées nocturnes ou le week-end. La pratique du vélo en ville devient un moyen de se faire des amis ayant les mêmes centres d’intérêts.
Une étude récente menée par l’Observatoire du vélo et la société Sport Heroes montre que 61% des vélotafeurs ont entre 21 et 35 ans. Cette tranche d’âge est très connectée et dispose de plus de temps libres. Une véritable aubaine pour se faire des amis quand on arrive dans une nouvelle ville que ce soit pour ses études ou son métier.
Comment bien se protéger pour faire du vélotaf ?
Il faut penser à deux types de protections pour faire du vélotaf.
Les vêtements doivent être adaptés à la météo pour ne pas arriver au bureau dégoulinant de sueur l’été, ne pas non plus mourir de froid l’hiver ni arriver trempé quand il pleut. De très nombreuses marques se sont lancées sur ce créneau depuis 2020 pour proposer capes, ponchos, vestes imperméables, surpantalons, surchaussures…
L’autre protection est liée au fait que le vélo en zone urbaine n’est pas sans risque. La cohabitation entre les cyclistes, les motards, les automobilistes, les bus et camions n’est pas malheureusement pas toujours la plus harmonieuse. Il y a énormément d’accidents. Beaucoup trop de cyclistes urbains circulent encore dans le trafic sans les éléments de protection indispensables comme le casque, les gants et un masque antipollution. Ce dernier n’est pas encore rentré dans les habitudes et reste vu comme une contrainte par ceux qui ont souffert du port du masque obligatoire. Un masque vélo reste pourtant un excellent moyen de se protéger de la pollution et des gaz d’échappements.
Quel vélo pour faire du vélotaf ?
La question est légitime mais la réponse est assez difficile à donner. Le type de vélo à utiliser pour vous rendre au travail à vélo va dépendre :
- De la distance à parcourir : un vélo électrique sera un vrai plus pour les longues distances
- De vos moyens : il existe des vélos d’occasion à quelques dizaines d’euros et d’autres à plusieurs milliers, notamment les VAE.
- La possibilité de le garer dans un endroit sécurisé : Le vol de vélo s’est multiplié avec l’explosion de la pratique donc de la demande. N’achetez pas un vélo trop cher s’il doit rester, même très bien attaché, dans la rue, la journée ou la nuit.
Mon conseil serait de commencer par un vélo qui ne vous coûtera pas un Smic afin de voir si votre nouveau projet de déplacement est viable sur le long terme. Il sera toujours possible de monter en gamme par la suite voire de vous le faire financer par votre employeur ?
Remboursements kilométriques et vélo de fonction
La pratique est tellement vertueuse que certaines entreprises ont vite compris l’avantage de fournir un vélo de fonction à leurs employés ou de leur rembourser les kilomètres parcourus avec leur vélo personnel. On parle d’indemnité kilométrique vélo (IKV). L’état a aussi mis en place le forfait mobilités durables pour les salariés qui utilisent un moyen de transport alternatif à la voiture (Vélo, covoiturage, transports en communs). L’entreprise est alors exonérée d’impôts et de cotisations. Ce forfait n’est pas cumulable avec les IKV et il ne peut pas dépasser 500€ par salarié chaque année.
Certaines sociétés l’intègrent dans leur stratégie RSE (Responsabilité sociétale et environnementale) ou vont même jusqu’à proposer leur propre flotte de vélos de fonction avec vélos attitrés ou en vélopartage.
Toute une économie s’est créée autour du vélo en entreprise, de la location longue durée, l’entretien, les assurances et même des cours pour apprendre à faire du vélo et en maîtriser les bonnes pratiques.
Un article de l’Equipe de septembre 2021, reprenant les avantages de faire du vélotaf énoncés ci-dessus, annonce que le gain de productivité pour les employés cyclistes est de 12%. Avis aux employeurs !