Dans le débat sur la pollution de l’air, beaucoup incriminent assez naturellement en premier les émissions des usines, les gaz d’échappement des véhicules thermiques et la combustion des combustibles fossiles pour le chauffage urbain ou la production d’électricité. Cependant, d’après une étude britannique, une source significative de pollution, inconnue du grand public, réside dans l’usure quotidienne des pneus de nos véhicules. Nos pneus émettraient même plus de particules que les moteurs à essence! Voyons quelles sont les particules fines issues de cette usure qui s’accumulent dans notre environnement? Quel est leur impact sur notre santé et sur la planète ? Comment se protéger efficacement des particules fines de pneus ?
Des particules de pneus très nocives
Les pneus de voiture sont composés de divers matériaux, dont le caoutchouc, les métaux et des plastifiants, qui, lorsqu’ils s’usent par friction avec le bitume, libèrent des particules fines dans l’air.
Selon Emissions Analytics*, elles seraient en effet jusqu’à 2000 fois plus toxiques que les gaz d’échappements dont fait partie le Dioxyde d’azote ! D’après cet organisme, un pneumatique neuf émet jusqu’à 73mg de particules fines au kilomètre quand un moteur thermique en rejette dans l’atmosphère environ 0,02mg/km. Les particules de pneumatiques sont donc devenues la première source de particules fines avec les particules de frein liées à l’usure des plaquettes de freins. A l’échelle de la planète, ce sont des millions de tonnes de caoutchouc et d’autres substances chimiques cancérigènes qui sont rejetées chaque année dans l’air que nous respirons.
Ce qui est inquiétant c’est que les véhicules électriques, censés être la solution à la pollution de l’air dans les villes, sont également équipés de pneumatiques et de plaquettes de freins. Comme ils sont en moyenne 25% plus lourds que des véhicules à moteur à combustion, leurs pneus vont donc s’user plus vite. Leurs systèmes de freinage en revanche libèrent moins de particules car les véhicules électriques ralentissent principalement avec le moteur pour récupérer de l’énergie. Le problème de la pollution automobile ne semble donc qu’en partie réglé.
Ces particules peuvent pénétrer profondément dans les poumons et, selon certaines études, transporter des polluants qui s’accumulent dans notre corps au fil du temps. L’exposition prolongée à ces particules peut contribuer à des problèmes de santé tels que les maladies respiratoires, cardiovasculaires et même certains cancers.
Des micro particules de pneus présentent partout
La présence omniprésente des véhicules fait de la pollution par les pneus un problème environnemental mondial, affectant aussi bien les zones urbaines densément peuplées que les régions plus isolées. Le vent nettoie les villes pour souiller les campagnes de ces éléments invisibles à l’œil nu.
Les particules ne restent malheureusement pas en suspension dans l’air : elles se retrouvent finalement dans l’eau et le sol, affectant la faune et la flore. Elles contribuent à la pollution plastique globale des océans et de la chaîne alimentaire.
L’exposition aux particules de pneus dépend largement de nos habitudes de vie et de notre environnement. Vivre près de grandes artères routières, pratiquer des activités de plein air dans des zones à forte circulation ou utiliser fréquemment son véhicule peut significativement augmenter notre exposition. Prendre conscience de ces facteurs est le premier pas vers la réduction de notre exposition personnelle.
Quelles sont les stratégies de protection contre les particules ?
Choix de trajets alternatifs : Privilégier les modes de transport moins polluants tels que le vélo, la marche ou les transports en commun peut réduire notre contribution personnelle à la pollution par les pneus et notre exposition aux particules.
Entretien du véhicule : Un entretien régulier et une vérification de la pression des pneus peuvent diminuer l’usure et donc la quantité de particules émises. Choisir des pneus conçus pour une usure moindre et une meilleure efficacité environnementale peut également faire une différence.
Mesures préventives individuelles : Utiliser des purificateurs d’air équipoés d’unf iltre HEPA chez soi et au bureau. Dans les zones à haute pollution, lors de vos trajets à moto ou à vélo au milieu du trafic, porter un masque filtrant peut également offrir une protection supplémentaire.
Un masque respiratoire protège-t-il des particules de pneus ?
Il existe de nombreux types de masques respiratoires. Les plus adaptés pour se protéger des particules fines de pollution reste les masques antipollution.
Les masques Frogmask ont été conçus pour protéger les cyclistes et les motards des particules en suspension dans l’air alors qu’ils circulent au milieu du trafic. C’est là que la concentration en pollution est la plus dense. Leurs filtres FFP2 filtrent au minium 94% des particules d’une taille jusqu’à 0,4µm.
Ils sont donc parfaits pour bloquer les particules PM 10 et PM 2.5 et donc jusqu’à PM 0.4.
Quelles sont les initiatives pour réduire les émissions ?
Chacun peut agir tous les jours, en adoptant une conduite plus économe pour les pneumatiques. Passer la vitesse supérieure dès que possible, rouler à une vitesse constante plutôt que par à coups, éviter les vitesses excessives, les démarrages en trombe, les burn et les donuts.
Plusieurs gouvernements européens, conscients de la menace qui pourrait devenir aussi embarrassante que la crise de l’amiante des années 80/90, demandent aux industriels de travailler sur des pneumatiques moins polluants et d’ici là, de travailler à une mesure des émissions de particules de pneus.
La marque française Michelin a lancé une grande étude sur la réduction de l’usure des pneus en 2023, et à créer pour l’occasion un laboratoire commun en partenariat avec le CNRS et l’Université Clermont Auvergne. L’objectif est de mieux connaître ces microparticules connues sous le nom de PM10 (taille inférieure à 10 µm). Fin mars 2024, les ingénieurs ont présenté au Tire Technology Expo (salon mondial du pneu de Hanovre), un système permettant de recueillir et d’analyser les résidus de pneus permettant de concevoir des pneus plus solides et moins polluants.
La norme Euro 7, créée en 1992 pour réduire les émissions de particules liés à la combustion des carburants fossiles, à qui on doit le pot catalytique ou l’interdiction prochaine du diesel va intégrer les émissions de particules de pneus. Les marques ne répondant pas aux nouvelles normes ne pourront plus commercialiser leurs produits.
Conclusion
La pollution par les particules de pneus est un problème complexe qui requiert une prise de conscience et des actions à tous les niveaux. En adoptant des comportements responsables, en soutenant les initiatives communautaires et en plaidant pour des politiques publiques fortes, nous pouvons tous contribuer à réduire notre exposition à ces particules nocives et protéger notre santé ainsi que l’environnement. La route vers un air plus propre et un avenir plus durable est pavée de petits gestes quotidiens, et chaque action compte.
** Emissions Analytics est une entreprise leader spécialisée dans les tests et analyses des émissions en conditions réelles. Ils offrent des perspectives sur les émissions d’échappement, l’usure des pneus, la qualité de l’air intérieur des véhicules et l’impact des carburants. Utilisant des équipements avancés, ils mesurent les émissions de véhicules légers et lourds, ainsi que de machines non routières, et proposent des services de conseil. Leur recherche soutient l’analyse de marché, la conformité réglementaire et le développement de produits, visant à améliorer les résultats environnementaux et de santé publique